[INTERVIEW ]”Le FC Metz en est un symbole, il raconte l’histoire des Mosellans”

Il faut avouer que nous étions un peu tendu avant de rencontrer le boss du département, pourtant dés les premiers instants le président Weiten a su nous mettre à l’aise. L’entretien devait durer 30 minutes, ce dernier a eu lieu pendant presque une heure, son amour pour sa région, son département et pour le sport se ressentait à chacune de ses phrases, la dernière fois qu’on avait pris un tel kiffe en interview c’était avec M Carlo Molinari !

Président à quand remonte votre passion pour le FC Metz ?

Je n’agi pas en tant que passionné du FC Metz, mais en qualité du patron du département qui se doit de protéger et valoriser le patrimoine de la Moselle . Le FC Metz fait partie intégrante de ce patrimoine. On est depuis un certain temps dans la compétition des territoires, avec la volonté des citoyens de proximité, d’ancrage. Les gens ont besoin de l’identité. Le FC Metz en est un symbole, il raconte l’histoire des Mosellans. Le maillot Grenat veut dire quelque chose. Avant, il jouait en noir et blanc, ce sont les couleurs de l’Allemagne, il faut connaître l’histoire, elle est importante. Et ils ont porté le maillot avec la Sollac et tout ce que ça a représenté. Je pense que le public messin est comme le public lensois, profondément ancré et enraciné. Le FC Metz fait partie des richesses de la Moselle. Accompagner le FC Metz, c’est une responsabilité et un devoir que nous avons. On ne peut pas imaginer la Moselle avec le FC Metz qui disparaît.

Lors de la descente en National, vous n’avez pas hésité à soutenir le club. Qui vous a transmis cet amour pour le FC Metz ?

Ce ne sont pas dans les moments de liesse et de succès qu’on reconnaît les plus fidèles supporters. On se retrouve tous quand il y a une victoire, on veut tous être sur la photo. C’est comme en amitié, c’est dans la difficulté qu’on reconnaît ses amis. Le soir de la descente en National, nous avons réaffirmé notre soutien que nous avons augmenté, parce qu’on avait aussi une crainte de voir disparaître le centre de formation. Cela aurait ébranlé tout l’édifice. Le Mosellan perd de la fierté lorsque le FC Metz est ailleurs qu’en Ligue 1. Le maillot est le drapeau d’un territoire.

Moins de joueurs mosellans sur la feuille de match, une perte d’identité ?

Je vais dire oui et non. Non car il a fallu faire face très vite à la descente en National. La formation n’avait alors pas été suffisante, il y avait eu une fuite à ce moment là. Il a fallu trouver une autre façon, et notamment Génération Foot à Dakar qui porte maintenant pleinement ses fruits. Puis nous avons mis en place un maillage au travers de huit clubs mosellans pour détecter les talents locaux. Le FC Metz ne gagnera que par son centre de formation. C’est son meilleur investissement financier. C’est ce que contribue à faire Bernard Serin, c’est un visionnaire. Structurer en mettant les racines sur le territoire mosellan. Les investissements faits à Frescaty vont donner les moyens au FC Metz d’évoluer au plus haut niveau, mais c’est pyramidal, tout ne se fait pas en une semaine. Il faudra entre trois et cinq ans pour que la structure soit optimale.

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À quand remonte votre premier match à Saint Symphorien ?

Mon père était footballeur, il était gardien de but et il avait fait une sélection à Metz. Ça n’a pas marché pour diverses raisons (familiale, professionnelle) . Quand on a eu la première voiture dans la famille, le premier déplacement ça a été au FC Metz. J’avais 9 ans. Je me souviens de l’ancienne tribune Nord, une vieille tribune en bois. On était debout sur la terre battue. La passion a commencé alors. La pire punition que pouvait me donner mon père c’était de ne pas aller voir le match le samedi soir. Il m’a transmis toutes les valeurs du sport en général.

Quel joueur vous a le plus marqué ?

Pour moi c’est Robert Pires. Il avait l’élégance et l’intelligence, avec tout ce que ça représente. Et c’est un homme charmant pour l’avoir cotoyé à plusieurs reprises. Patrick Battiston et Bernard Zénier représentent aussi pour moi des joueurs ancrés.

Le lifting de Saint-Symphorien, comment avez-vous réussi ce tour de force ?

En 1998, la ville comme le département n’avaient pas décidé de se mobiliser pour accueillir le Mondial. Pour 2016 et l’Euro, quand nous avions appris que Nancy renonçait, je m’étais rapproché de Dominique Gros en disant qu’il fallait y être. Noel Le Graet nous avait donné son accord en disant qu’il soutiendrait la candidature de Metz qui représente des valeurs similaires à celles de Guingamp. J’avais rencontré David Douillet à Yutz qui nous avait garanti que les 10 millions initialement alloués à Nancy seraient fléchés sur Metz. Tout était engagé et 2 jours avant la prise de décision, on m’a informé que cela ne se ferait pas, sans explications. Tout le montage juridique et financier était pourtant bouclé. Les 10 millions ont été redistribués ailleurs et nous avons perdu ce financement conséquent. Le département était prêt à prendre la propriété de Saint-Symphorien. Dominique Gros ne l’a pas souhaité. Bernard Serin a lors pris la décision d’agir directement par le biais du FC Metz, d’autant que nous n’avions plus les dotations de l’Etat. Il faut rendre hommage à la pugnacité de Bernard Serin.

L’équipe féminine du FC Metz ?

Je crois beaucoup à l’avenir du football féminin. Le Mondial en juin prochain sera révélateur. Dans la pratique du sport, la pratique du sport féminin apporte sensiblement au sport. Il y a une forme d’élégance. Moins de puissance mais une déclinaison du geste technique. Je suis convaincu de ce développement et nous participons par une subvention à l’aménagement des vestiaires de Dezavelle pour l’équipe féminine du FC Metz.

Grayou aux nouveaux nés ?

L’idée c’était de symboliser le club autour d’une mascotte. Raccrocher le FC Metz à la tradition et à l’histoire ancienne de Metz. Et poursuivre avec l’emblème de la Moselle et Bernard Serin a proposé de l’offrir aux 12000 nouveaux nés chaque année en Moselle. Ça fait du buzz. Je n’ai jamais vu autant de journalistes qu’au lancement de Grayou. La mascotte fait rêver. Il n’y a pas de raison de « millésimer » cette distribution, et on souhaite poursuivre d’année en année.

Ou étiez vous le 15 juillet 2018 ?

J’étais au Puy-du-Fou avec mes petits enfants. Et la fête qui a suivie sur la grande place de Cholet, un moment formidable. Je m’en souviendrai comme en 1998 lorsque cette année là j’étais au Stade de France, derrière le but où Zidane marque deux fois.

L’équipe championne du monde de foot diversifié ?

La même émotion que le titre de juillet. Il y avait une fierté énorme, plus de différences, l’équipe ne faisait qu’une. Tous ces enfants qui subissent une fragilité vous rendent tout ce que vous leur donnez. C’est véritablement le sport pour tous et par tous.

Nous remercions, le président Weiten, son attaché de presse Vanessa ainsi que Adeline Marques pour cet entretien.

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